L’articulation des réseaux de services publics, privés et du tiers-secteurs envers les aînés nécessitant un soutien, du domicile à l’institution
Résumé
Cette étude vise à documenter l’articulation des réseaux de soins et de services publics, privés et du tiers-secteur destinés aux personnes âgées de 65 ans et plus au Québec. Le contexte de cette recherche est basé sur un constat démographique et politique : d’une part, le vieillissement accentué de la population et l’augmentation de la part d’ainés en forte perte d’autonomie nécessitant du soutien; d’autre part, un processus de Nouvelle gestion publique basée sur une accentuation du décalage entre le volume et l’intensité de soins et services nécessaires à la population âgée et la dotation réelle de soins et services par le secteur public. L’écart est fourni d’une part par les aidants familiaux à domicile, mais aussi par les autres acteurs du continuum de services, qu’ils soient intégrés au secteur privé (RPA, RI, CHSLD) ou au tiers-secteur (EESAD). En mettant en oeuvre d’un point de vue méthodologique une approche qualitative, nous avons obtenu le point de vue de 56 acteurs divers intégrés au continuum de services (directions SAPA des CISSS/CIUSSS, EESAD, RPA, RI, CHSLD et TS) sur la transformation progressive de ces liens, en prenant en considération l’impact hypothétique de la Loi 10, qui fut promulguée en 2015.
Les résultats démontrent que, mis à part pour certains acteurs tels que les EÉSAD (mise en concurrence avec les agences privées de soins à domicile), les directions SAPA (élargissement du territoire), et des enjeux généraux de communication entre personnes ressources, la Loi 10 ne fut pas présentée comme une phase cruciale de la transformation progressive des réseaux. Les acteurs nous ont plutôt présenté un processus historique de développement d’une offre de services par des partenaires privés, sous la gouvernance directe et verticale des CISSS et CIUSSS. Loin d’un partenariat horizontal de coconstruction des modalités d’offre de service, le partenariat actuel, souvent nommé « partenariat d’affaires », semble laisser peu de marges de manoeuvre aux acteurs privés ou du tiers-secteur, principalement les moins importants en termes de ressources. Ce contrôle du secteur public dans la dotation de services n’a pas que des inconvénients. Elle est aussi une stratégie pour, idéalement, mieux contrôler la qualité des services dans ces ressources, rendre plus efficaces les stratégies de transfert post-hospitalisation des patients âgés, et réduire les risques d’hospitalisation prolongée, néfaste pour les personnes en perte d’autonomie.