Volume 35, numéro 1 : Transformation de l’intervention sociale, précarisation du travail et résistances (Automne 2023)
Notre chercheuse Isabelle Ruelland co-dirigera un numéro de la revue Nouvelles pratiques sociales sur la transformation du travail de l’intervention sociale.
APPEL À CONTRIBUTIONS EN COURS
DATE DE TOMBÉE DES RÉSUMÉS : 21 juin 2023
DATE DE TOMBÉE DES ARTICLES : 29 septembre 2023
Soumission des résumés par courriel à l’adresse suivante :
Pour plus de détails et appliquer : Appel à contributions | Revue Nouvelles pratiques sociales | UQAM
« Les conditions de travail et d’emploi en intervention sociale, tout comme celles de la plupart des métiers relationnels, se sont grandement transformées au cours des dernières décennies, et ce, d’autant plus depuis la pandémie de la COVID-19 (Maltais et coll., 2022 ; Rousseau et coll., 2020 ; Ruelland et Coget, 2021). L’enjeu de la précarisation du travail au sein des organisations publiques, communautaires et philanthropiques participe de ces transformations. Des chercheur·euse·s exposent depuis plusieurs années la fragilité des conditions de travail et d’emploi en intervention sociale et en appellent à leur amélioration ainsi qu’à une plus grande reconnaissance de leur travail au sein de diverses organisations (Bellot et coll. 2013 ; DambuyantWargny, 2022 ; Grenier et Bourque, 2018 ; Parazelli et Ruelland, 2017). La complexité grandissante de l’organisation du travail au sein de réseaux d’action publique et les difficultés à l’appréhender affectent aussi les conditions de travail des intervenant·e·s sociaux·ales. Elle constitue, en ce sens, un enjeu de pouvoir important sur lequel se butent plusieurs intervenant·e·s et démarches d’intervention auprès de personnes souvent de plus en plus vulnérables (Choi et coll., 2020 ; Douglas et coll., 2020).
Poser la question de la précarisation du travail d’intervention sociale, c’est donc aussi se questionner sur les conditions de réalisation et de reconnaissance de l’intervention sociale dans nos sociétés ainsi que sur les modes de reproduction systématique des inégalités engendrées par l’organisation et la division du travail d’intervention sociale (Roelandt et Staedel, 2016 ; Fauvel et Noiseux, 2020 ; 2022). La précarisation des conditions de travail et d’emploi en intervention sociale, notamment dans le secteur communautaire, est par exemple marquée par les modalités de financement étatique et philanthropique. La situation financière fragile des organisations contribue à son tour à la multiplication des statuts d’emploi (emploi à temps partiel, à contrat, travail dit autonome, stagiaire, etc.) dans le secteur, ce qui, à terme, participe également à l’accroissement de la précarité d’emploi. La diversification des « types d’intervenant·e·s », parfois nommé·e·s animateur·trice·s, agent·e·s, assistant·e·s, etc. – en marge de la profession du travail social et qui ne partagent pas les mêmes conditions salariales – pose pour sa part des enjeux en termes de division du travail et de reconnaissance des compétences (Dubet, 2002 ; Ravon et Ion, 2012 ; Simonet, 2021). Pour justifier les conditions de travail et d’emploi associées au travail d’intervention sociale, des discours misant sur la « vocation » sont mobilisés (Krinsky et Simonet, 2012). Certains secteurs et postes sont explicitement ciblés par des programmes et politiques étatiques d’insertion en emploi et de stages où les jeunes générations sont souvent présentées comme étant des acteurs dont les vives aspirations à s’insérer dans le métier justifient en quelque sorte des conditions de travail de second ordre (Berthiaume, 2021 ; Fauvel et Noiseux, 2020 ; 2022; Cottin-Marx, 2017). »